vendredi 12 avril 2019

Paysages de rêves - Aponia

Commissaire Laurent Quénéhen



Installation murale, mica, adhésif, dimensions variables, 2019



mica, bas relief, 2019

Les présents, 2016, 60x 90 cm,
Tirages pigmentaires sur papier Hahnemühle, Digigraphie®











Dans la série "Mémoire de forme", 50 cm de diamètre chacune, 2017, papier mûrier, encre de chine, liant acrylique



Rituels, 2019, plâtre, goudron, dimensions variables

Les naufragés acte I, photos, 60x90 cm, 2015
Affiche, 135 x 100 cm, 2015
Les naufragés acte II, 2019
Installation multi-média, dimensions variables
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Porcelaine, coquillage, polystyrène, cactus, plastique



Bois calciné, pâte à modeler, coquillage, crin de cheval

Pâte à modeler, cailloux, crin de cheval, plâtre, coquillage



Bitume, silicone, résine acrylique

Verre, céramique, plastique, silicone

Verre, bois calciné, plume, dorure

Verre, porcelaine, racine, silicone

Crin, de cheval, racine, fer, polystyrène, silicone, plâtre, verre

Plastique, pâte à modeler, mousse polyuréthane, porcelaine

racine, dents

torchis, métal


Moulage résine acrylique, plâtre

Porcelaine, verre, éléments naturels, polystyrène

Pâte à modeler chardon, dents, cactus, miroir, éléments naturels, polystyrène




Tirages pigmentaires sur papier Hahnemühle, Digigraphie®
40x 60 cm, tirages pigmentaires sur papier Hahnemühle, Digigraphie®


Communiqué de presse



Laurence Nicola fait corps avec la nature. C’est le lieu de rencontres incongrues avec les éléments qui l'entourent : des roches, des rochers, des matériaux divers. Elle expérimente des associations de matières inédites et recrée des paysages à vivre, à observer, à ressentir. Elle nous fait découvrir ce que nous avions déjà vu sans jamais l’avoir regardé attentivement : des matériaux que nous utilisons pour la construction ou l’aménagement intérieur des appartements, elle les utilise autrement, les effeuille et nous pousse à scruter leurs dessous. 

Le polystyrène rencontre le papier, entouré par le silicone ou le plâtre, comparant mutuellement leurs aspects si friables. Dans cette réunion de matériaux sont les grandes familles, les nobles : le bois avec sa forêt de dentelle, l’os dénudé, la pierre un peu cassante, le verre. Des minéraux sont mêmes là : les volumes du mica sur le mur. De la famille des silicates, il est l’un des constituants du granit. Le mica est en habit de parade, éblouissant, son nom vient du latin micare qui signifie briller, scintiller. Des feuillets de cristaux s’assemblent comme dans un bas relief et varient suivant la lumière, des reflets inédits apparaissent comme des étoiles filantes. 

Les recherches de Laurence Nicola permettent une rencontre entre différents niveaux de la société des matériaux et des matières : céramique, silicone, pierre ; leurs origines se mélangent et l’on ne sait plus s’ils sont artificiels ou naturels. Elle permet des unions étonnantes : la porcelaine si fine et élégante s’acoquine au polystyrène, au plastique et parfois même à la pâte à modeler. 

Dans ce monde que propose Laurence Nicola, les éléments ramenés du bord de l'eau sont des pièces à conviction : pierre polie, coquillage, bois noir calciné échoué sur le sable. Ainsi que des plastiques, polystyrènes que la nature  a assimilés, remodelés. Ce sont des rituels de visites sur des lieux de prédilections comme Jean Dubuffet semblait le pratiquer : promenades régulières à la campagne d’où il ramenait des feuilles, du bois, des pierres. Avec ce travail régulier de rencontres fortuites, puis d’observation, de toucher des éléments ; les matières deviennent des œuvres polyvalentes : des ready-made naturels, des fétiches, des objets de rituels ou presque rien. Cela dépend essentiellement de leur contextualisation et de celui ou celle qui regarde. 

« Les présents » sont une série photographique qui montre des gestes d'offrandes. Sur l’une d’entre elles, Laurence Nicola semble faire référence à une pièce de Louise Bourgeois : « Fillette », œuvre en latex qu’elle porte sous son bras, photographiée par Robert Mapplethorpe. C’est un bras féminin qui protège. Le travail de Laurence Nicola pourrait également être associé aux expérimentations du poète Francis Ponge, notamment dans son livre : « Le parti pris des choses » où il brise le moule du déjà vu et renouvelle la perception des objets et des mots, c’est une poétisation de l’univers acquise par une observation précise et inédite. 

Les œuvres de Laurence Nicola sont des poèmes à traverser avec des incises de formes, des métaphores et des rimes riches, des insertions surprenantes entre des matières qui les plongent dans une sensualité animiste, un goût qui semble retourner vers les premières perceptions de l’enfance, du temps où rien n’était acquis, mais tout à découvrir, goûter, expérimenter. 

Laurent Quénéhen, janvier 2019.